dimanche 26 février 2012

Irina Ionesco


Photographe française d'origine roumaine, Irina Ionesco suscite polémique et controverse depuis plus de 40 ans. Ses photos argentiques en noir et blanc sont tantôt envoûtantes, truffées d'érotisme baroque, tantôt étranges et déroutantes... 

Les thèmes récurrents que l'on retrouve dans ses photos sont ceux de la mort, des vanités, de l'érotisme mêlé à celui de l'ésotérisme... Les ambiances créées sont baroques, chargées de tissus, de voilages, de tapis et de joailleries ouvragées, de plumes, d'animaux morts. Dans cette ambiance mortifère, les modèles parées de robes de divas, ou de dessous chics ont parfois des allures de princesses d'outre-tombe.


La mort devient compagnon, personnage central de l'image. Elle est mise en valeur, décorée (couronnes de fleurs...), cajolée, et aimée. Sur la première photo, elle semble même être le personnage principal de cette mise en scène. La jeune femme, quant à elle, paraît sans vie et soumise aux désirs de la faucheuse. Les modèles callipyges deviennent alors cercueils ornés de mille colifichets et éléments baroques. Touche finale de ce spectacle figé : de petites têtes décapitées de mannequins nous fixent, diffusant alors une inquiétante étrangeté... Le miroir nous renvoie toutes ces expressions vides et atones, et accentue le sentiment humain de vacuité, de proche finitude. Comme si vivre se résumait à se parer, à s'admirer, à se couvrir de fleurs et de dentelles pour affirmer une forme d'existence face à une mort inéluctable.


Ces photos me font d'ailleurs penser à la prose lyrique, pléthorique, et fleurie de Gabrielle Wittkop dans Le Nécrophile, journal intime d'un homme qui entretient une relation spirituelle et charnelle avec la mort...  

"Tandis que je me glissais dans cette chair si froide, si douce, si délicieusement étroite qu'on ne trouve que chez les morts, l'enfant a brusquement ouvert un œil, translucide comme celui d'une pieuvre et, dans un épouvantable borborygme, a rejeté sur moi le flot noir d'un mystérieux liquide."

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